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Le Monde - 4 Mai 2007
mercredi 29 ربيع الثاني 1428, par
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Six parmi les plus connus des prisonniers d’opinion et de conscience syriens ont lancé un appel à l’aide pour l’établissement d’un Etat de droit en Syrie, dans une lettre ouverte publiée, mardi 1er mai, par le quotidien libanais Al-Nahar. "Notre cas en tant que prisonniers d’opinion et de conscience n’est qu’un épisode de la crise des libertés et des droits de l’homme en Syrie", écrivent Anouar Al-Bounni, Michel Kilo, Kamal Al-Labwani, Mahmoud Issa, Faeq Al-Mir et Aref Dalila, détenus à la prison d’Adra, près de Damas.
Anouar Al-Bounni a été condamné, le 24 avril, par la cour pénale de Damas à cinq ans de prison pour "propagation de fausses informations qui affaiblissent la nation". Selon son avocat et des organisations de défense des droits de l’homme, il paie pour avoir dénoncé la mort sous la torture en prison d’un détenu syrien et pour avoir signé, en mai 2006, avec trois cents autres hommes de plume et de lettres, une déclaration réclamant le respect de l’indépendance du Liban. Michel Kilo et Mahmoud Issa doivent comparaître en justice le lundi 7 mai, officiellement pour les mêmes charges. Aref Dalila est maintenu en cellule d’isolement.
S’adressant, pour les remercier, à tous ceux qui se sont solidarisés avec eux jusqu’à présent, qu’il s’agisse de particuliers, d’associations, d’organisations et d’organes de presse de toutes nationalités, les six signataires rappellent que la "crise des libertés et des droits de l’homme en Syrie a commencé avec l’imposition de la loi d’urgence il y a quarante-quatre ans, qu’elle a connu un paroxysme dans les années 1980 et qu’elle traverse actuellement une nouvelle phase aiguë avec l’accentuation de la répression, des arrestations et de l’hypothèque des libertés".
"CORRUPTION ET OPPRESSION"
Qualifiant le pouvoir syrien de régime "totalitaire" qui impose "la pensée unique", ils affirment que "des dizaines de milliers de Syriens en ont chèrement payé le prix" à ce jour, par l’emprisonnement, l’exil ou le repli sur soi. "L’absence de libertés et de moyens d’expression, la corruption et l’oppression" sont le terreau sur lequel "s’effondrent les valeurs morales et humaines" et s’épanouissent "les graines de la pensée terroriste", ajoutent-ils.
Aussi demandent-ils aux destinataires de leur lettre ouverte "davantage que (leur) solidarité", ils exercent une "action résolue et sans relâche pour forcer les autorités syriennes à respecter les droits de l’homme, ainsi que les législations et les conventions internationales".
L’objectif est de contraindre Damas à ouvrir le champ politique et social en garantissant la liberté d’expression et celle de créer des associations et-ou des partis, en supprimant les tribunaux d’exception, en respectant l’indépendance de la justice et en donnant un coup d’arrêt au "pillage des finances publiques".