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Hachette Littératures - Pluriel

Israël, Palesine - Vérités sur un conflit

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mardi 10 صفر 1428, par Alain Gresh

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"Dieu est du côté du persécuté..."


" Est-ce ratiociner que de se demander d’où venaient ces enfants, qui les avait mis en première ligne, dans le cadre de quelle lugubre stratégie du martyre ? [...] Est-ce faillir, oui, que de suggérer que la brutalité insensée de l’armée sud-africaine, cette débauche et cette disproportion des moyens employés étaient une réponse à ce qu’il faut appeler une déclaration de guerre des Noirs ? " Ces mots, s’ils avaient été écrits au lendemain des émeutes de Soweto de 1976, qui virent se soulever la jeunesse des townships d’Afrique du Sud, auraient définitivement discrédité leur auteur...

Or ce texte, Bernard-Henri Lévy l’a écrit dans Le Point du 13 octobre 2000. On lisait ainsi : "Est-ce ratiociner que de se demander d’où venaient ces enfants, qui les avait mis en première ligne, dans le cadre de quelle lugubre stratégie du martyre ? [...] Est-ce faillir, oui, que de suggérer que la brutalité insensée de l’armée israélienne, cette débauche et cette disproportion des moyens employés étaient une réponse à ce qu’il faut appeler une déclaration de guerre des Palestiniens ? " Des dizaines de jeunes de moins de 18 ans, parfois des enfants, furent tués durant les premières semaines de la seconde Intifada. Et Bernard-Henri Lévy se demande ce qu’ils faisaient en première ligne. Se serait-il posé la question si ces jeunes avaient été bosniaques ou tchétchènes ? Quelques semaines plus tard, Bernard-Henri Lévy "rectifie" légèrement le tir, si l’on peut dire, à la suite d’un voyage en Palestine : "Un argument que je n’utiliserai plus, reconnaît-il, après avoir entendu des mères palestiniennes me dire, comme toutes les mères du monde, leur folle angoisse quand, à l’heure de la sortie de l’école, elles ne voient pas rentrer leur fils : "les enfants délibérément mis en avant, sciemment transformés en boucliers humains, etc.’’ Mais il ajoute que le petit Mohamed El Dourra, cet enfant dont la mort a été filmée en direct par les caméras de télévision, a été tué par "une balle "perdue" " non par "le tir ciblé d’un soldat juif assassin d’enfants " (Le Point, 24 novembre 2000).
Ainsi, Bernard-Henri Lévy a besoin de faire le voyage en Palestine pour comprendre que les mères palestiniennes ne hurlent pas de joie quand tombent leurs enfants, que les Palestiniens sont, tout simplement, des êtres humains ? L’Histoire joue parfois de drôles de tours, comme le prouve cette anecdote. La manifestation a été très dure. Les affrontements se sont prolongés. A l’issue d’une journée d’émeutes, on relève 9 morts et 44 blessés graves. Parmi ces derniers, 18 sont âgés de 8 à 16 ans, 14 ont entre 16 et 20 ans. La presse dénonce alors ces parents qui se servent de leurs enfants comme "boucliers humains " ou qui les envoient au casse-pipe alors qu’eux restent tranquillement à la maison. Ces faits se passent bien en Palestine , mais en... novembre 1945 à Tel-Aviv. Les manifestants étaient alors des juifs qui protestaient contre les restrictions de l’immigration. Davar, le quotidien de la centrale syndicale juive (la Histadrout), publia une caricature qui lui coûta une interdiction d’une semaine : un médecin, aux côtés d’enfants blessés sur leur lit d’hôpital, dit à un collègue : "Bons tireurs, ces Anglais ! Des cibles si petites, ils ne les ratent pas ! "

Cet épisode a été rapporté par Charles Enderlin, correspondant de France 2 à Jérusalem , dont l’équipe a filmé en direct la mort du petit Mohamed El Dourra. Bernard-Henri Lévy aurait-il écrit à l’époque que les jeunes manifestants avaient été tués par des "balles perdues " ? Et que signifie sa formule " soldat juif assassin d’enfants " ? Une semonce à tous ceux qui critiquent l’armée israélienne : vous seriez porteurs d’un antisémitisme camouflé, vous propageriez les pires clichés de l’antisémitisme, des juifs "buveurs du sang des enfants ". Si notre "philosophe" avait tout simplement lu la presse israélienne, il aurait su que, oui, des soldats israéliens tuent délibérément, y compris des enfants.
La journaliste israélienne Amira Hass a publié ce dialogue insensé avec un tireur d’élite de l’armée israélienne : " On nous interdit de tuer les enfants ", explique-t-il en parlant des ordres de sa hiérarchie. Mais il ajoute : "Vous ne tirez pas sur un enfant qui a 12 ans ou moins. Au-dessus de 12 ans, c’est autorisé. C’est ce qu’ils nous disent" (Le Monde, 24 novembre 2000) .


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