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Pour Israël, la « nakba » n’existe pas

Libération

samedi 2 شعبان 1430, par christophe ayad

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Pour les Palestiniens, il ne s’est rien passé en 1948, en tout cas, rien de mal. C’est ce que veut faire croire le ministère israélien de l’Education, qui a décidé d’exclure le mot nakba des manuels scolaires en arabe destinés aux Palestiniens d’Israël.
La nakba, au sens littéral, c’est la catastrophe. Pour tous les Palestiniens, ce mot résume l’expulsion de leurs villages et de leurs villes lors de la guerre qui a immédiatement suivi la déclaration d’indépendance unilatérale d’Israël, en mai 1948. Ironiquement, « catastrophe » est aussi le mot utilisé par les Juifs pour désigner la Shoah, le génocide de six millions d’entre eux durant la Seconde Guerre mondiale.
Ultranationaliste. Cette décision sur les manuels scolaires, soutenue par le Premier ministre, Benyamin Nétanyahou, fait partie d’une loi en cours d’examen à la Knesset, le Parlement israélien. L’initiative en revient à Avigdor Lieberman, leader du parti ultranationaliste Israël Beitenou (Israël notre maison) et ministre des Affaires étrangères. Sa formation, qui recrute essentiellement dans les milieux laïcs russophones, est un pilier de la coalition de droite dure au pouvoir. A l’origine, le projet de loi visait à interdire toute commémoration de la nakba, le jour de la fête nationale d’Israël ; il prévoyait même une peine allant jusqu’à trois ans de prison. Lieberman, qui est obsédé par le péril démographique posé par les Arabes israéliens et milite pour leur « transfert », en clair, leur expulsion. Il a aussi l’intention de leur demander de prêter un serment de loyauté à l’Etat hébreu.
Ces mesures ne peuvent qu’être vécues comme une provocation et une incitation à la discrimination par les 1,7 million de Palestiniens citoyens d’Israël qui forment 20 % de la population du pays. Ils jouissent théoriquement des mêmes droits - dont celui de vote et d’être élus - que les citoyens juifs d’Israël, mais font l’objet de tout un ensemble de mesures discriminatoires non écrites. Dispensés du service militaire, ils ne peuvent souvent pas accéder aux emplois publics, ni obtenir des permis de construire aussi facilement que les Juifs.
Suspects. Souvent soupçonnés d’être une cinquième colonne par les Juifs, ils sont suspects aux yeux des Palestiniens des territoires et des réfugiés en raison de leur niveau de vie supérieur et de leur nationalité israélienne. Comment, en effet, expliquer qu’ils soient restés, malgré la guerre et l’occupation ?
La nakba est au cœur de l’affrontement israélo-palestinien. Pour les Juifs, les Arabes ont quitté leurs terres et leurs maisons à l’appel des pays arabes voisins qui s’apprêtaient, en 1948, à envahir le jeune Etat d’Israël. Les Palestiniens estiment, pour leur part, avoir été victimes d’un nettoyage ethnique en règle. Comme l’ont montré les nouveaux historiens israéliens (Benny Morris, Ilan Pappé, Avi Shlaïm, Tom Segev), l’exode des Palestiniens a été le plus souvent le résultat de violences et d’une savante guerre psychologique.


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