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Obama juge essentiel le gel des colonies israéliennes

Le Monde

vendredi 4 جمادى الآخرة 1430, par Corine Lesnes

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A une allure soutenue, Barack Obama monte l’échafaudage de son plan de paix pour le Proche-Orient. Après avoir reçu le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou le 18 mai, il s’est entretenu, jeudi 28 mai, avec le président de l’autorité palestinienne, Mahmoud Abbas à la Maison Blanche. Contrairement à la première entrevue, qui avait fait le constat des désaccords, la rencontre palestinienne a paru sans nuages. "Le président leur a dit : vous êtes sur la bonne voie. Aux Israéliens, c’était : ressaisissez-vous ", a résumé Robert Malley, l’ancien négociateur de Bill Clinton.

L’administration américaine est engagée dans un effort diplomatique d’envergure. En début de semaine, le négociateur George Mitchell était à Londres pour rencontrer le ministre israélien des services de renseignement, Dan Meridor, et le presser d’avancer sur la question du gel des colonies, que M. Obama juge essentielle pour restaurer la crédibilité américaine sur le dossier. La semaine prochaine, c’est le ministre de la défense Ehud Barak qui est attendu par Hillary Clinton (le ministre des affaires étrangères, Avigdor Lieberman ne s’est pas encore aventuré à Washington).

M. Obama attend une réponse de la part des Israéliens. Les éléments qui ont été communiqués à George Mitchell n’ont manifestement pas été à la hauteur de ses espérances. Mercredi, la secrétaire d’Etat Hillary Clinton a mis les points sur les "i". Si le gouvernement israélien n’avait pas pris au sérieux ce que M. Obama n’avait dit qu’en privé au premier ministre Benyamin Netanyahou, il a cette fois été publiquement édifié : "Le président veut voir un arrêt des colonies. Pas certaines colonies, pas les implantations sauvages, pas d’exceptions pour croissance naturelle", a dit Mme Clinton.

PREMIÈRE ESCARMOUCHE

L’agacement est perceptible à Washington contre les colonies. Il y a quelques jours, le Washington Post a mis en corrélation le nombre d’implantations et les déclarations des présidents américains, demandant tous, à des degrés divers, l’arrêt de la colonisation. Quand Jimmy Carter disait, en 1980, que les colonies sont des "obstacles à la paix", il y avait 61 500 colons. Quand Ronald Reagan estimait, en 1982, que les colonies n’étaient "en rien nécessaires à la sécurité d’Israel", les colons étaient 105 595. Aujourd’hui, ils sont 479 500.

A Jerusalem, le porte-parole de M. Netanyahou a rejeté les propos de Mme Clinton. Cela n’a pas empêché le président Obama d’y revenir, un peu plus tard, en indiquant néanmoins comprendre que le premier ministre israélien est tributaire de sa coalition. Mais que se passera-t-il si le gouvernement israélien continue de refuser la solution des "deux Etats " ? lui a-t-il été demandé. "N’anticipons pas le pire mais le meilleur, a répondu M. Obama. Dans mes conversations avec M. Netanyahou, j’ai parlé clairement de la nécessité d’arrêter la colonisation, et les implantations sauvages (…) Cette conversation n’a eu lieu que la semaine dernière. Je pense que nous n’avons pas un moment à perdre mais je ne prends pas de décisions basées sur cette seule conversation".

C’est la première escarmouche publique entre Washington et Jérusalem. "L’administration Obama a remis au premier plan la question des implantations et sans la moindre ambiguité, affirme Robert Malley, presque admiratif. Mais elle ne laisse pas beaucoup de marge de manœuvre à Israël".

PRESSÉ

M. Obama presse l’allure : il a besoin de présenter quelques avancées lorsqu’il s’adressera, le 4 juin, au monde musulman depuis l’université du Caire, immédiatement après avoir rencontré à Riyad le roi Abdullah, le promoteur de l’initiative de paix de 2002 (la paix contre les territoires). Le président a indiqué jeudi qu’il aborderait le conflit. "C’est un facteur déterminant dans l’esprit de nombreux Arabes dans la région et au-delà. Il ne serait pas correct de ne pas l’aborder", a-t-il expliqué.

Les Palestiniens, eux, sont sortis de l’entrevue confortés. M. Obama a réitéré son soutien à la création d’un Etat palestinien. Il a redit que la résolution du conflit est non seulement dans l’intérêt des parties mais aussi dans "l’intérêt national" des Etats-Unis, une formule montrant qu’il ne pourra pas se satisfaire de vagues avancées. "Nous n’avons jamais vu un tel degré d’énergie et un tel degré de clarté " en faveur du gel des implantations, s’est réjoui Ghait Al-Omari, un ancien conseiller de M. Abbas, aujourd’hui chercheur au Center for American progress, un cercle de réflexion de gauche.

M. Obama est pressé. Il sait que son capital de popularité risque de s’émousser. Pour l’instant l’opinion arabe est relativement bien disposée, si l’on en croit un sondage Zogby publié le 19 mai. Seuls 3 % des sondés expriment "une grande confiance " dans les Etats-Unis, mais 45 % émettent un avis positif sur Barak Obama.


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